Concocté par le marchand d’art Jean-Philippe Aka, le rapport 2014 sur le marché de l’art africain contemporain vient de sortir. C’est avec plaisir que nous constatons que Yinka Shonibare, artiste nigérian membre de l’empire britannique est le 5ème artiste le mieux côté, sur une liste de 100 !

Yinka Shonibare est issu d’une famille aisée : son père est avocat,  ses frères et soeurs sont chirurgiens et dentistes. Alors qu’il est âgé de 3 ans, la famille rentre vivre à Lagos au Nigéria. Ce n’est qu’à 16 ans qu’il posera de nouveau ses valises en Grande-Bretagne, afin de passer son baccalauréat. Yinka poursuit ensuite des études d’art au prestigieux Byam Shaw College of Art (aujourd’hui Central Saint Martins College of Art and Design). C’est là qu’à l’âge de 17 ans, il contracte la Myélite transverse, un syndrome neurologique causé par l’inflammation de la moëlle épinière, qui le laissera handicapé à vie.

SPACEWALK ©2002, Yinka Shonibare, MBE.

Sa réflexion sur la question de l’identité commence lorsqu’étudiant, on lui suggère d’exprimer davantage ses racines dans son travail. Au début des années 90, il commence à introduire le tissu wax dans l’univers victorien et en habille la bourgeoisie qu’il représente par des mannequins sans tête. Dans son installation Victorian Philanthropists Parlour (1996-1997), présentée à l’exposition Africa Remix en 2005 au Centre Pompidou, il  reproduit à l’identique des intérieurs et mobiliers d’époque, tapissés de tissu africain, induisant ainsi la réalité coloniale sur laquelle s’est construite la bourgeoisie anglaise.

Avec humour et distance, l’artiste met en lumière le rapport tragique entre les deux cultures, celle des « esclaves » et celle des « nobles », celle des Africains et celle des Européens, que tout semble opposer et qui sont pourtant dépendantes l’une de l’autre. Yinka Shonibare établit un lien entre, d’un côté, l’opulence, le désir de jouissance et la liberté d’esprit de l’aristocratie française d’alors et, de l’autre, la traite des esclaves qui fournissait les moyens de cette grandeur. Il traite ainsi du colonialisme et de ses conséquences actuelles, des relations entre anciens pays colonisés et anciens pays colonisateurs,, de leur héritage dans la culture africaine post-coloniale, mais aussi de l’empreinte de l’Afrique sur ces pays colonisateurs.

PLANETS IN MY HEAD, PHYSICS ©2010, Yinka Shonibare MBE
PLANETS IN MY HEAD, PHYSICS ©2010, Yinka Shonibare MBE

Surtout, Yinka Shonibare soulève une interrogation : où en est aujourd’hui la relation entre l’Occident et l’Afrique ? Peut-on réellement parler d’assimilation d’une culture par l’autre, ou bien persiste- t- il encore des différences? Autant de thèmes explorées par le biais de la peinture, la sculpture, la photographie et, plus récemment, de films et de performances.

En 2004, Yinka Shonibare a reçu pour ses oeuvres la plus haute distinction britannique, le MBE « Member of the British Empire », qui lui permet de transformer son nom en Yinka Shonibare MBE .


Yinka Shonibare est représenté par la Stephen Friedman Gallery à Londres et la James Cohan Gallery à New-York.

Son travail est visible sur son site internet, yinkashonibarembe.com.

 

Par Bridget Ugwe ( www.nigeriasinsights.com )

Team Little Africa
Author: Team Little Africa

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