La Galerie Imane Farès présente pour la première fois en France une exposition personnelle de l’artiste Sammy Baloji. Après avoir exposé ses oeuvres au MMK Francfort (2014)à la Biennale de Venise (2015), et à la Biennale de Lyon (2015), et avoir été sélectionné par Olafur Eliasson pour le prestigieux Rolex Mentor and Protégé Arts Initiative (2015), l’artiste présentera deux installations inédites conçues pour la galerie. Qu’est l’histoire ? Selon Walter Benjamin, qui définit les rapports entre les peuples dans la logique de dominant et dominé, le maître et l’esclave ; elle est souvent constituée et écrite par le vainqueur. Sammy Baloji a décidé, depuis ses premiers travaux, d’appliquer à la lettre le paradoxe définit par Hegel dans lequel le rôle du maître et celui de l’esclave s’inverse. Ce qui revient donc à une autre écriture de l’histoire, selon un point de vue contradictoire, pour employer le terme dans son acception juridique. Le rapport de l’Afrique et de l’Europe, les effets secondaires de la conférence de Berlin, les relations induites par ces données de base et le rapport à l’autre, qui fonde l’ethnologie, sont remis en question par une œuvre qui, plutôt que de dénoncer, démonte avec subtilité, en utilisant la position extérieure du commentateur. Baloji travaille sur ce paradoxe en superposant des temps et des lieux, des histoires, l’archéologie des lieux de mémoires (endogènes lorsqu’il s’agit des peuples, exogènes lorsqu’il s’agit de la mémoire coloniale), confrontations de points de vue et analyse critique des liens avouables. Sammy Baloji interroge précisément, par une juxtaposition sans commentaire, la disparition de « ce qui manque », en le faisant réapparaître par un phénomène osmotique qui fait surgir ce que l’on ne voit, ou que l’on veut pas voir. Le rôle de la mémoire ici n’est ni dans la remémoration, ni dans la dénonciation, mais dans le surgissement et la réactualisation de faits qui appartiennent tout autant à notre présent qu’à notre passé.
Sammy Baloji
Né en 1978 à Lubumbashi en République Démocratique du Congo.
Sammy Baloji explore le patrimoine culturel, architectural et industriel de la région du Katanga au Congo. Afin de questionner les versions officielles de l’histoire coloniale belge, il effectue ses recherches dans diverses archives dont celles du Musée royal de l’Afrique centrale à Tervuren en Belgique, Musée des Confluences à Lyon, France ou encore le Smithsonian à Washington, États-Unis. L’histoire de l’art et de la photographie documentaire se trouvent mêlée à celle du colonialisme. Ses séries de photomontages, d’albums revisités, confrontent ses recherches historiques à l’actualité humaine et économique. Les superpositions dialoguent et ses séries, telles que Congo Far West (2010-2011), Kolwezi (2012), Mémoire (2006), résonnent de sens. Sammy Baloji est co-fondateur des Rencontres Picha, une exposition internationale régulière à Lubumbashi – preuve de son engagement profond à sa ville natale.
du 14 avril au 30 juillet 2016
Galerie Imane Farès
41, rue Mazarine – 75006 Paris – France