« Les noirs ne sont sourds ni à la voix de la morale ni à celle de la civilisation; fils du père commun, ils sont hommes comme nous » Anne-Marie Javouhey
Anne-Marie Javouhey voit le jour le 11 novembre 1779, dans le petit village de Jallanges en Côte d’Or, dans le foyer de Balthazar Javouhey, laboureur aisé et bon chrétien , qui très vite s’installe à Chamblanc dans le village voisin où elle grandit.
C’est la révolution qui, amenant persécutions religieuses, schisme et déchristianisation, va marquer la jeune adolescente et orienter sa vocation. Instruisant les enfants pauvres, elle n’hésite pas, malgré la terreur et contre la volonté de son père à se consacrer à Dieu. Ayant pour but l’éducation, sa congrégation se voit reconnue et est très vite appelée, par le Ministre des Colonies à des missions en Outre-Mer. Elle devient dès lors le premier ordre de femmes missionnaires. Ainsi, 1817, voit le premier départ de religieuses à l’île Bourbon, puis en 1819 pour le Sénégal, la Gambie et la Sierra Leone. Suivent la Guadeloupe et la Guyane en 1822 puis la Martinique en 1823. Après un premier séjour au Sénégal de 1822 à 1824, elle ouvre à Bailleul dans l’Oise, le premier séminaire africain de France, d’où sortiront les premiers prêtres noirs sénégalais en 1840.
En 1828, elle part pour la Guyane, avec 36 soeurs et 50 émigrants pour la fondation d’une colonie agricole de Mana, d’où elle rentrera en 1833, après un semi échec. En 1835, elle retourne en Guyane et recueille du gouvernement plus de 500 esclaves nègres qu’elle christianise et initie aux techniques diverses des métiers. Ne concevant la liberté qu’à travers l’éducation et la capacité à s’assumer, elle démontre que les noirs, malgré les conditions de l’esclavage, n’en sont pas moins des hommes, et peuvent accèder à la civilisation et vivrent de leurs capacités à l’égal des autres. En 1838, elle fait libérer 185 premiers esclaves noirs.
Femme de caractère et d’action, elle se heurtera inéluctablement à des oppositions de sa hiérarchie et du système colonial. Face à l’évêque d’Autun, qui veut lui reprendre sa congrégation et la diriger, elle tiendra bon, malgré des pressions et la calomnie, puis avec divers soutiens, l’emportera. Ilot de liberté dans un système esclavagiste, l’expérience de Mana, recevra d’autres appuis avant qu’en 1848, la IIème république ne généralise définitivement l’abolition de l’esclavage.
Outre la Maison familiale d’Anne-Marie Javouhey sise dans l’enceinte du lycée Anne Marie Javouhey à Chamblanc, un parcours pédestre (départ devant ce même lycée) retrace les grandes étapes de la vie de cette missionnaire, qui, à Mana, en Guyane libéra de nombreux esclaves.
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