Fatoumata Diawara, jeune trentenaire engagée et travaillant sans relâche, est une artiste aux multiples facettes. Citoyenne du monde, avide de collaborations, elle effectue sans cesse des allers-retours entre l’Afrique, l’Europe et le continent américain, tout en mélangeant autant d’inspirations. Rencontre avec cette chanteuse pour la sortie de son dernier album «fenfo ».
Bonjour comment vas-tu ?
Bonjour. Je vais très bien. Merci.
Qu’est-ce qui t’as motivé à faire de la musique ?
J’ai grandi au Mali et j’ai vécu dans un environnement ou la musique a une grande importance. Dans mon village, la musique est omniprésente et chanter pour moi, m’a paru comme une évidence. Il y a une chanteuse ou un chanteur dans chaque village et à chaque génération. Le chant traditionnel occupe une place importante dans ma musique et s’inscrit pleinement dans mon nouvel album. Grâce à mes rencontres, mon style a évolué mais malgré les consonances modernes, et je tiens à garder les mélodies traditionnelles qui me sont chers.
De quoi ta musique s’inspire-t-elle ?
Ce sont des influences qui proviennent de diverses origines. Cela part de la chanson traditionnelle malienne à des rythmes plus occidentaux. Ayant vécu à Paris, j’ai beaucoup joué dans des bars, des rencontres rock et pop et funk m’ont aussi inspirées, maintenant ma musique ne fait qu’un. Cependant la musique traditionnelle reste ma principale source d’inspiration.
Que peux-tu nous dire de ce dernier album ?
« Fenfo » (‘quelque chose à dire’) est mon second album solo qui succède à « Fatou » produit par Nick Gold, en 2011. « Nterini » (« mon amour, mon confident ») en est le premier extrait, mis en image par Aida Muluneh. L’ artiste éthiopienne prône un regard africain sur l’Afrique, se refusant à uniquement dénoncer les maux de son continent pour montrer ce qu’il a de plus beau. Cette chanson exprime la peine que deux amants doivent endurer, séparés par la distance. « Mon amour, mon confident, est parti tellement loin et ne m’a pas donné de nouvelles ». Cette séparation, évoquée ici poétiquement, fait aussi place à un sujet plus politique, celui des migrants. Nous nous retrouvons ainsi sur une prise de position commune : la réappropriation de l’histoire, de la culture et de l’art africain par les Africains eux-mêmes.
Cet album est comme une histoire et surtout c’est mon histoire. Chaque chanson aborde une thématique différente et je veux que les gens écoutent et ressentent. Je veux que les gens voyagent à l’écoute de cet album.
Pourquoi est-ce important de chanter dans ta langue natale ?
Je chante en bambara, car pour moi c’est la langue avec laquelle j’ai été éduquée et la langue que j’emploie au quotidien. J’ai quelque chose à raconter et je suis une combattante, je veux qu’on ressente mon combat à travers mes chansons. Je le fais en ma langue natale afin que le message porte plus haut. La connexion se crée avec mon public sans forcément que celui-ci comprenne la langue. De l’émotion avant toute chose ! Sur scène, je valorise d’abord l’énergie autour dégagée par chacun et chacune. Grâce à cette énergie, j’arrive à me livrer entièrement à mon public, il s’agit d’une chose très importante pour moi.
Chaque album constitue une part de moi et le fait de chanter en bambara m’a fait rencontrer de magnifiques personnes et évoluer musicalement parlant.
Que peux-tu nous dire sur ta collaboration avec Mathieu Chedid ?
Ma collaboration avec Mathieu Chedid s’est décidée naturellement. Nous partageons des valeurs communes et nous trouvons sur la même longueur d’onde. De nos séances de travail, je me souviens de beaucoup de rigolades et d’une excellente entente. C’est un grand monsieur, on se respecte mutuellement.
Quels sentiments prédominent dans l’album ?
J’aimerais que chaque personne qui écoute cet album, ressente une émotion différente par rapport à leur propre existence. Je veux qu’une énergie particulière à chaque écoute soit ressentie. Mes textes doivent amener à tenir une réflexion sur le continent africain. Aussi, Il y a d’autres thèmes sérieux abordés dans cet album tels que l’excision, les femmes battues ou encore les migrants. Je veux que le gens mènent une réflexion en lisant mes textes auxquels je veux donner de la profondeur. Et, je suis loin d’en finir avec la musique car j’ai encore beaucoup de choses à dire !
Si tu devais résumer ton album en 3 mots, ce serait…
Un album de partage, d’amour et de connexion.
Ton plus grand souhait ?
L’amour et la paix dans le monde en particulier pour tous les enfants.
Souheil