Lors de mon séjour au Cameroun, j’ai par hasard fait « Escale » au centre d’art contemporain de la ville de Douala « Doual’art » au sein du quartier de Bonapriso.
J’ai découvert un espace agréable, et bingo une exposition était en cours ! « Escale », c’est le nom de l’exposition des œuvres du talentueux Joseph Francis Sumegné à Doual’art. Je ne connaissais pas l’artiste et pourtant il en a fait des expositions en occident ! En effet, J-F Sumegné est un exemple de l’exportation de l’art africain depuis l’Afrique et non le contraire. Il est souvent plus courant de voir des artistes africains qui ont dû faire le choix de l’expatriation pour se faire connaître et exposer leurs œuvres. Sumegne lui, vit et travaille depuis le Cameroun. Et pourtant il a exposé au Japon, aux Pays-Bas, et est l’auteur de la création d’œuvres d’extérieur au Gabon, en France et en Allemagne par exemple.
Au Cameroun, il a réalisé La Nouvelle Liberté sculpture monumentale de 12 mètres de haut situé rond pont Deido et devenu emblème de la ville.
Les œuvres de Sumegne de l’exposition « Escale », imposent tout d’abord le respect. On est frappé par l’assemblage de divers matériaux de récupération, liés par une technique de tissage de fil de cuivre. Cela fait plus de 20 ans que ce monsieur est un pionnier de l’écologie et du recyclage (exemple : figure de Tête de Notable). Je lui dois donc un peu de l’air frais que j’ai insufflé durant mon séjour ☺. Merci l’artiste !
Mais les œuvres de ce grand artiste autodidacte appellent à une réflexion qui va bien au-delà du sens pratique. C’est en toute modestie que l’artiste nous fait part de son « auto-évaluation » : sa quête incessante pour une connexion entre Traditions et Modernité dans son art. A l’heure où l’on parle beaucoup du réveil de l’Afrique, de sa croissance, de son développement, de sa modernisation, l’œuvre de Sumegne qui s’intitule « Escale » invite peut-être tout un chacun et surtout tout africain à également faire son auto-évaluation sur l’un des grand défi que sera certainement le développement de l’Afrique. Comment concilier les legs traditionnels à cette modernisation frénétique ? Sumegne nous offre son interprétation, ayant puisé son inspiration de la tradition Bamileké dont il est issu et plus généralement dans la culture et des traditions du Cameroun. Il n’y qu’à observer quelques œuvres comme la « Tête de Notable » ou « Danseuse de Bikutsi » auxquelles l’artiste a insufflé un peu de « magie », un peu de ce mysticisme qui vous captive l’espace d’une seconde. Personnellement, j’ai été subjuguée par ce regard intense, fixe et profond que nous jettent ses œuvres. On est presque poussé à communiquer avec eux dans un échange de regards dont on ne saurait qui se lasserait le premier ! Moi sans doute.
Quoiqu’il en soi, de retour à Paris, j’espère avoir de nouveau l’occasion de découvrir d’autres œuvres de Sumegné peut-être cette fois de ce côté de l’atlantique.
« Escale » de J.F . Sumegné à Doual’art, Bonapriso.